GUIDE PSYCHOLOGIQUE D'AUTO-ASSISTANCE APRÈS UN ATTENTAT TERRORISTE
9 QUELS SENTIMENTS EST- I L NORMAL D’AVOIR ? N os sentiments sont liés à notre vision de ce qui se passe dans le monde. S’il vient de se produire un attentat, qui fait que l’on n’a plus confiance en les autres et en leur bonté, alors il est normal de ressentir de la colère. Si l’on est persua- dé que ce ne sera pas facile à surmonter et que les choses ne s’amélioreront pas, alors il est logique de se sentir triste et désespéré. Si l’événement survenu a fait voler en éclats nos croyances sur le monde, on aura le sentiment que ce monde n’est pas pour nous. Si, par suite de l’événement survenu, on voit des dan- gers et des menaces partout, alors on ressentira de l’anxiété à une fréquence telle qu’on aura l’impression de la ressentir en permanence. Ainsi, nos émotions ou l’absence de celles-ci seront une réaction comme une autre à notre interprétation de l’événement et une façon comme une autre de tenter d’y survivre. • Il est normal de ressentir de la haine et de la colère, de se sentir trahi, incompris, abandonné, en danger et méfiant, ainsi que beaucoup d’autres émotions négatives intenses liées aux autres, car on ne leur fait plus confiance. • Il est normal de se sentir triste, apathique et dés- espéré dans un monde qui ne nous intéresse plus, dans lequel on n’a plus confiance et pour lequel on n’espère plus d’amélioration. • Il est normal de ressentir de l’anxiété et de la peur par rapport à ce qui peut arriver, car le monde est devenu un endroit menaçant, où l’on peut à tout moment perdre ce qui nous est le plus cher, sans raison. • Il est normal d’être plus irritable et de s’impatien- ter avec ses proches, par suite de cette tension prolongée. • Il est normal également de se sentir incapable d’avoir des sentiments, de pleurer, de souffrir proportionnellement à l’événement survenu, comme si l’on baignait dans une sorte d’anesthé- sie émotionnelle qui nous empêche de pleurer et qui nous surprend, voire nous effraie. Il s’agit cependant d’une réaction normale de protection du mental, qui bloque ces sentiments pour nous protéger de l’excès de souffrance. On peut s’attendre à ce que ces émotions s’atté- nuent peu à peu, mais elles peuvent s’accroître à nouveau suite à l’apparition d’éléments rappelant la situation, tels que des odeurs, des bruits, des heu- res de la journée, des activités, des personnes, des souvenirs ou des images.
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